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Shrinkflation : une pratique commerciale abusive

Les prix à la consommation continuent de s’enflammer. Avec une augmentation de 4,8 % sur un an, en aout 2023 selon l’INSEE, les Français peinent à maintenir leur pouvoir d’achat. Pourtant, les hausses tarifaires se poursuivent, avec des marques qui osent la Shrinkflation, au détriment du consommateur.

Chiffres Inflation 2023 : Les Français encore plus soucieux du prix

Selon l’enquête Hawk, 36 % des Français considèrent que le prix est devenu le critère principal lors de leurs décisions d’achat. Et pour 32 % des personnes interrogées, le prix l’emporte sur la qualité des produits. Si les consommateurs privilégient de plus en plus le prix dans leurs décisions d’achat, les distributeurs, eux, continuent d’ajuster leurs stratégies et leurs offres pour répondre à cette préférence croissante des consommateurs… À leur manière.

Shrinkflation : Moins de quantité produits, prix identique

Shrinkflation est un mot valise ; la fusion du verbe shrink (rétrécir en anglais), et du mot inflation. On parle également de «  réduflation » ou « inflation masquée » en français. Cette pratique commerciale consiste pour les marques à diminuer la quantité/le grammage d’un produit tout en laissant le prix inchangé, voire l’augmenter. Une subtilité qui est longtemps passée inaperçue en raison de la similitude quasi totale de l’emballage. Mais qui fait aujourd’hui polémique. Même si la législation n’interdit pas cette pratique commerciale, certains consommateurs s’estiment trompés. D’autant plus qu’aucune information ne les éclaire à ce sujet. Pour les marques, cette stratégie leur permet de rester compétitives dans ce contexte inflationniste.

Exemples de Shrinkflation

Le phénomène n’est pas nouveau. Déjà en 2016, Toblerone a été confronté à une controverse baptisée « #Tobleronegate » sur les réseaux sociaux. La dévaluation de la livre sterling et la baisse du pouvoir d’achat en Angleterre, avait conduit la célèbre marque suisse à réduire la quantité de chocolat dans ses produits. À titre d’exemple, les barres Toblerone de 400 grammes sont passées à 360 grammes. Tandis que celles de 170 grammes sont devenues des barres de 150 grammes. Le changement le plus notable aux yeux du consommateur était l’apparence des barres ; elles comportaient des espaces plus importants entre chaque triangle chocolatée.

Shrinkinflation toblerone
Crédit image : Alastair Grant

En France, plusieurs marques pratiquent la shrinkflation. C’est le cas de :

  • Doritos
  • Pedigree
  • Findus
  • Lipton
  • Lay’s
  • Magnum
  • Carte d’Or
  • Mars
  • Pampers
  • M&M’s

Consulter la liste complète des produits : ici

Régulation de la Shrinkflation : gouvernement, associations et distributeurs dénoncent

Foodwatch est une association qui promeut la transparence dans le domaine de l’alimentation. Elle lutte activement contre la shrinkflation, en appelant les fabricants et les distributeurs à garantir une information transparente sur les produits, notamment en signalant tout changement. Pour cette rentrée, elle a lancé une pétition intitulée « Stop à la shrinkflation : lutter contre l’inflation en réduisant la taille des aliments », qui a recueilli à ce jour plus de 47 000 signatures.

Le gouvernement aussi a pris la parole face cette pratique commerciale. Bruno Le Maire, Ministre de l’Économie, l’a qualifiée de « trompeuse » et « abusive ». Il affirme : « C’est une arnaque, c’est scandaleux. Vous en avez moins et vous payez plus cher. » Un projet de loi sera présenté en octobre pour réguler cette pratique en rendant la réduction de contenu produit plus visible sur les emballages.

Enfin, certains distributeurs comme Carrefour ou Système U décrient la shrinkflation qui leur est imposée par certaines marques qu’ils référencent. Carrefour a d’ailleurs mis en place une campagne anti-shrinkflation dans ses rayons à la demande du Directeur Général, Alexandre Bompard.

Shrinkflation 2023 Carrefour Exemples