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ITW Julien-Henri Maurice – Changer les paradigmes pour un numérique inclusif – Et si j’étais Président ?

Dans 30 jours précisément aura lieu le 1er tour de l’élection présidentielle. Place pour ce 10ème numéro de notre série d’interviews Et si j’étais Président à Julien-Henri Maurice, Directeur Exécutif Numérique, Produits et Technologies @ Le Point. Et oui, plutôt qu’un homme ou une femme politique, et si le futur Président de la République était une citoyen engagé, un dirigeant emblématique, quelle serait sa vision d’une France engagée et responsable ? Feuille de route de Julien-Henri Maurice, qui s’est glissé dans la peau de notre futur Président, le temps de cette interview.

10 questions posées à Julien-Henri Maurice, candidat à la présidentielle 2022

Votre programme

1 – Quels seraient les deux axes majeurs de votre programme ?

A mon sens, il y a, en France, une véritable fracture numérique. Mon premier axe serait donc de mieux former au digital. Les citoyens doivent être à l’aise avec les outils et les possibilités que le digital offre. Il faut que la peur, la résistance, la défiance vis à vis de la technologie, disparaissent. Il y a un véritable enjeu pédagogique et de vulgarisation pour rendre le digital plus évident pour tout le monde. Et ce pour une raison simple. Je pense qu’il est notamment de la responsabilité sociétale du Président de prendre conscience de « l’effet bulle » néfaste (car il nous montre le monde au travers d’un prisme déformé) dans lequel les algorithmes des réseaux sociaux nous enferment et d’aider à réguler les plateformes.

C’est notamment cela qui génère de l’incompréhension, de la violence, de mauvaises interprétations… Le numérique s’est imposé dans nos vies et les pouvoir publics n’ont pas assez accompagné l’évolution rapide et grandissante des usages. Ni leur bonne adoption, utilisation et donc compréhension. Or, de la même manière que nous faisons des campagnes de sensibilisation sur le tabac ou encore sur la sécurité routière, il faudrait en faire également sur l’importance de bien savoir utiliser les plateformes et les outils digitaux.

D’autre part, aujourd’hui, nous limitons trop et majoritairement le digital à des usages serviciels à mon sens. Comme digitaliser des process, rendre accessible des services sur Internet…. Il n’y a pas assez d’effort mis sur la régulation nécessaire, entre autres, avec les GAFA qui sont pourtant presque devenus des États dans les États. Sans être interventionniste, je pense qu’il convient de faire un minimum de régulation.

Pour résumer, mes deux axes seraient donc de former pour réduire la fracture numérique. Et de réguler auprès de toutes les plateformes pour prévenir, sensibiliser et donc mieux gouverner. En somme, faire un digital citoyen et pas seulement économique et administratif. D’ailleurs, dans mon Gouvernement, le ministre du Numérique serait aussi important que le ministre de l’Économie !

2 – Quel serait votre projet pour renforcer le rôle sociétal des entreprises françaises ?

Je pense qu’il y a plusieurs choses. Déjà, pour le « S » de RSE, je redonnerais un sens à la valeur travail. Il faut notamment encourager les entreprises à mieux prendre à cœur leur rôle d’ascenseur social. Il faut travailler à redonner du sens et améliorer l’engagement des gens dans leur travail pour produire plus de richesse pour le pays. Mais aussi en faisant en sorte que ces mêmes entreprises soient les principales actrices de la baisse de chômage chez les jeunes.

Pour cela, il s’agirait de favoriser l’accès à des postes à responsabilités avec une trajectoire de carrière plus travaillée. Et pas seulement à des diplômés de HEC pour casser certains plafonds de verre. Cela permettrait d’encourager la mixité.

Une mixité qui pourrait également être envisagée sous la forme de mentoring des jeunes pousses envers les salariés plus expérimentés. Et vice-versa. Les générations ont tellement de choses à partager. La nouvelle génération a besoin d’être nourrie par des personnes aux parcours longs pour avoir des références. Elles connaissent mieux le monde de l’entreprise et peuvent les nourrir sur les codes de la profession. Ceux, plus âgés, déjà sur des rails professionnels, peuvent, eux, être accompagnés par les digital natives. Ils gagneront ainsi en productivité et en confiance. Au final, tout le monde est gagnant. Y compris les entreprises, car cette fracture numérique leur coûte très cher et ralentit leur développement et donc leur compétitivité.

Pour le « E » de RSE, je pense qu’il y a un vrai enjeu sur la responsabilité de nos choix de gouvernance technologique. Par exemple, nous pourrions jouer un peu plus la carte du patriotisme Européen. Sans y être forcé, mais en incitant les entreprises à aller vers des acteurs européens plutôt que de signer systématiquement chez AWS (par exemple). Sans être ni anti-américain ni antichinois (ni autre), je pense qu’il faut casser ces habitudes et cette homogénéité et rebattre les cartes.

Enfin, pour renforcer le rôle sociétal des entreprises, je chercherais à trouver des leviers de développement plus lisibles de la « Green Tech ». Car en réalité tout le monde fait du digital. Mais lorsqu’il s’agit d’avoir une démarche responsable en la matière, c’est déjà plus difficile. Donc je ferais en sorte que l’on mette en place des actions concrètes. Dans le même esprit que les bilans énergétiques déjà existants comme les DPE. Par exemple avec des notes et un label pour les entreprises qui œuvrent vraiment sur le sujet soient identifiables.

3 – Pourquoi faut-il voter pour Julien-Henri Maurice ?

Parce que j’ai une volonté de réussir, une persévérance et une pugnacité infatigables. Et puis même si j’ai des convictions, je suis dans une démarche de co-construction, pas d’autocratie avec moi. Et comme j’aime vraiment les gens, je « dé-napoléoniserai » la fonction pour aller davantage vers une communication plus fluide avec les Français(e)s. Avec une prise de parole trimestrielle par exemple, pour faire un report sur les actions menées par le Gouvernement. Ou bien par un recours plus régulier aux referendums sur des sujets sociétaux. C’est le meilleur moyen de porter une vision tout en s’assurant qu’on reste aligné avec la trajectoire de la nation et aux attentes des citoyens. Ma manière de faire serait plus pédagogique. La majorité des discours politiques sont inaudibles car inadaptés sur la forme. Il faut plus de pragmatisme et simplicité.

4 – Quelle personnalité publique choisiriez-vous pour être votre Premier Ministre ?

Je pense que la meilleure, c’est Maud Bailly, CEO Southern Europe Accor. Elle a ce côté pragmatique, ce côté collectif, ce côté pédagogie, ce côté de brillante intelligence et de rapidité et d’excellence d’exécution. Des qualités que l’on peut attendre d’un(e) Premier Ministre… Et elle a, comme moi, cette ambition et cet amour pour la France à mon sens.

Avant de quitter votre poste actuel

5 – Quels sont les engagements RSE / ESG pris par votre direction actuelle ?

Il y a une démarche très volontariste et responsable au sein du Groupe qui va clairement guider nos décisions futures et notre approche business. Au sein du Point, nous avons déjà entamé une stratégie digitale d’EX (Employee Experience) « zéro papier ». Il n’y a plus de bulletins de paie papier, plus de tickets restaurants papiers, etc. Nous faisons également en sorte de généraliser au fur et à mesure la e-signature. Le digital permet d’être plus responsable, plus efficient, de gagner en productivité et de faciliter la vie des collaborateurs.
Nous avons également arrêté totalement l’utilisation de blister plastique pour l’envoi des magazines à nos abonnés. La régie publicitaire du Point a également une approche plus responsable pour nos activités car cela correspond aux attentes et standards des marques qui nous font confiance. Puis nous avons également l’ambition, de mieux marketer publiquement ce côté responsable, en interne et auprès de nos abonnés.

6 – Quelles seraient les principales missions de votre successeur au sein de votre entreprise pour accélérer ces engagements ?

Mon successeur aurait pour mission de mettre en place plus de solutions de green tech par exemple. Mais surtout, il aurait à cœur de servir de vitrine à toute la démarche responsable mise en place. En d’autres termes, Le Point pourrait devenir un exemple sur le mentoring de la green tech. Il porterait la digitalisation de tous les processus. Et il serait en mesure d’expliquer que ces outils-là permettent d’« augmenter » (améliorer/faciliter) le travail des collaborateurs. Bref, mon successeur aurait pour mission de porter mes convictions de Président et de faire en sorte qu’elles soient inscrites dans la feuille de route de l’entreprise. Enfin, il aurait également à poursuivre ma propre mission de contribuer à l’accélération de la transformation numérique de l’entreprise et la mise en œuvre de la rentabilité des activités numériques.

7 – Comment doit évoluer votre métier pour être plus responsable ?

C’est un mélange de tout ce que je vous ai dit. De savoir faire des choix souverains dans nos technologiques et partenaires. Aussi, d’encourager plus encore l’innovation, la recherche, les startups à se développer. D’encourager le plus possible l’accessibilité. Et puis pour que ce soit réussi, il faut que mon poste ne soit plus nécessaire finalement. Ou tout au moins qu’il sache évoluer vers une responsabilisation renforcée des équipes. Parce que, à mon sens, l’impulsion ne vient plus beaucoup de fonctions comme la mienne.

Pour intégrer l’Élysée

8 – Que demanderiez-vous au Président sortant, Emmanuel Macron, avant qu’il quitte l’Elysée ?

Je lui demanderais quelles actions il n’a pas pu mettre en œuvre en 5 ans. Parce que c’était trop court, afin de travailler dans la continuité, mais à ma façon. Et puis je lui demanderai comment, selon lui, faire en sorte que la fonction présidentielle isole moins selon lui.

9 – Quel serait le premier engagement de Julien-Henri Maurice, pris à l’Elysée ?

Ce serait de rendre des comptes tous les 3 mois. Via les TV et radio et presse. Mais aussi et bien sûr via une approche encore plus digitale sur les réseaux sociaux et les plateformes. L’objectif étant de donner une lisibilité touchant tous les médias et en 360° aux actions portées par mon Gouvernement. Et je mettrais également en place un panel citoyen tournant qui se renouvelle tous les 6 mois afin que je puisse échanger régulièrement avec eux.

10 – Quel objet personnel ramèneriez-vous avec vous à l’Elysée ?

Un zèbre, sous forme de sculpture ou de tableau, parce que le zèbre est l’animal qui symbolise les hauts potentiels.

A propos de Julien-Henri Maurice

Julien-Henri Maurice est titulaire d’un MBA International en marketing numérique de la Haas School of Business de l’Université de Berkeley en Californie. Et d’un Master de Grande Ecole Supérieure de Commerce en Management Stratégique de l’INSEEC-Paris. Après plusieurs expériences autour de la relation et de l’expérience client auprès de SFR, et d’agences digitales, il intègre en 2013 BazarChic (Groupe Galeries Lafayette) au poste de Directeur Marketing. En 2020, Julien-Henri Maurice rejoint Le Point en tant que Directeur Exécutif Numérique, Produits et Technologies.

Un grand merci à Ambre Delage pour sa précieuse contribution.