E-commerce et transition écologique : la charte 2025 veut marquer un tournant
En mars dernier, les acteurs volontaires du e-commerce français ont signé la nouvelle charte 2025 pour la réduction de l’impact environnemental du commerce en ligne. Au total, ce sont 33 acteurs e-commerce qui ont décidé de se mobiliser autour de la transition écologique. Car à l’heure où le consommateur peut facilement se laisser séduire par les sirènes de la Fast Fashion, l’enjeu écologique de la vente en ligne doit rester un sujet majeur.
L’impact carbone du e-commerce : des chiffres loin d’être au vert
Ce sont des chiffres qui donnent le vertige, et qui témoignent bien de l’ampleur du problème. En 2023, la France a traité 1,7 milliard de colis. Un chiffre qui englobe les expéditions domestiques, les importations et les exportations.
Et cette frénésie logistique génère à elle seule 1,7 million de tonnes d’équivalent de CO2 par an… seulement pour le transport ! Car les chiffres ne tiennent pas compte du colisage. D’après le ministère de la Transition énergétique, cette empreinte carbone équivaut aux émissions annuelles d’une centrale à charbon. Ou encore d’une ville de 180 000 habitants.
5 engagements concrets pour un e-commerce en faveur de la transition écologique
Face à ce constat, les acteurs du e-commerce ont commencé à se mobiliser dès 2021, avec la première version de la charte pour la réduction de l’impact environnemental du commerce en ligne. Alors quelles sont les différences apportées par la version 2025 ? Dans sa nouvelle mouture, la charte veut être plus qu’une simple déclaration d’intention. Elle se pose en feuille de route ambitieuse et mesurable. Et elle s’articule autour de cinq engagements qui doivent structurer la stratégie des acteurs e-commerce au profit de la transition écologique :
- Une information environnementale plus claire pour les consommateurs. Avec notamment l’indication de l’impact environnemental des produits et des options de livraison.
- La réduction des retours. Véritable casse-tête logistique et écologique, cette problématique doit appeler des solutions pour faire baisser drastiquement le volume de retours de colis.
- Des emballages responsables. La charte impose une réduction du vide dans le colis. Avec un objectif de 40% de taux de vide moyen mais aussi l’usage de matériaux recyclés ou réutilisables.
- L’implication des marketplaces. La charte souligne un enjeu fort dans le rôle fédérateur des places de marché, qui ont un gros impact sur leur écosystème.
- Une volonté de transparence et de suivi des progrès pour gagner en crédibilité et prouver les efforts portés par les acteurs du e-commerce français.
Plusieurs poids lourds faisaient déjà partie du projet : Carrefour, Cdiscount, eBay, Fnac Darty, La Redoute, Rakuten ou encore Showroomprivé. Cette année, d’autres géants du commerce en ligne les ont rejoints, comme Amazon et Zalando. Le message est clair : il est temps de prendre de se mobiliser ensemble pour ce virage écologique.
La réponse française à la menace de la Fast Fashion
Et si même les grandes plateformes se mobilisent, ce n’est pas un hasard. Car ce nouvel engagement s’inscrit aussi dans un contexte où la Fast Fashion prend de plus en plus de place. Un modèle économique accusé de polluer massivement, de favoriser la surconsommation et d’entraîner une concurrence dangereuse pour les acteurs traditionnels.
Yann Rivoallan, président de la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin, alerte régulièrement contre les dangers de cette mode jetable. « L’Europe laisse entrer des milliards de colis de l’ultra Fast Fashion sur notre continent. Nous sommes noyés par ces produits jetables et toxiques. »
Le problème est double : non seulement ces plateformes échappent à la réglementation. Mais elles déclareraient des volumes de vente largement inférieurs à la réalité. Un manque de transparence qui nuit à la concurrence loyale et à la transition écologique.
Comme en réponse, la charte 2025 précise : « Preuve du sérieux de leurs engagements, les acteurs rapporteront annuellement leurs avancées dans le domaine auprès des services de l’État. » Cette obligation de transparence doit permettre au consommateur de distinguer les acteurs responsables de ceux qui défendent un modèle de surconsommation toxique.
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