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ITW Lisa Nakam – Mieux valoriser l’engagement sociétal des entreprises – Et si j’étais Président ?

C’est Lisa Nakam, DG Associée de la maison JONAK, qui se glisse cette semaine dans la peau de notre futur Chef d’Etat. Le temps d’une interview consacrée à une France plus engagée et responsable. 5ème numéro de la série “Et si j’Etais Président”, réalisée par MC Factory en partenariat avec Stratégies.

10 questions posées à Lisa Nakam, candidate à la présidentielle 2022

Votre programme

1 – Quels seraient les deux axes majeurs de votre programme ?

Mon premier axe serait la modernisation de l’économie et des administrations. Nous sommes au début d’une ère de changements, où les licornes n’ont pas été oubliées sur l’arche de Noé. Et je trouve qu’elles se reproduisent à vitesse grand V, surtout en ce début d’année. Donc j’investirais massivement sur tout ce que ce nouveau monde peut apporter à l’économie pour alléger les administrations, diminuer les délais et les coûts. Je pense que l’économie du pays devrait appliquer les méthodes qui permettent d’optimiser le parcours client dans le e-commerce à la politique. Elle doit partir du besoin des sociétés, des habitants, pour apporter des solutions qui soient rapides et efficaces. On dispose d’un grand nombre de ressources dont on doit se servir pour obtenir un arbre décisionnel qui soit plus simple, plus rapide, moins coûteux.

Je pense aussi que l’on a besoin de rayonner. Tant au niveau national qu’international, créer de la motivation pour les jeunes et les moins jeunes. Et en France, nous avons beaucoup d’entrepreneurs exemplaires, de sociétés innovantes. Ils peuvent donner envie à tout le monde de faire partie de ce nouveau monde. Parce qu’au final, il rebat complètement les cartes en termes de leadership.

Et le deuxième axe essentiel c’est l’éducation. Nous avons la chance d’avoir un système d’enseignement supérieur qui est ultra performant, mais, hélas, destiné surtout à une élite. Pour moi, il faut revaloriser le système éducatif en amont pour donner une chance à tous. Le niveau scolaire pré-bac n’est absolument pas suffisant. Plutôt que de niveler vers le bas, nous devrions nous atteler à ce que tout le monde ait une chance d’accéder aux grandes écoles. En cette période de crise sanitaire, de rejets de toutes sortes, il faut redonner envie. Il faut faire rêver, apaiser et montrer que l’on peut y arriver. Et cela passe par le fait de redonner espoir en l’avenir grâce à l’éducation et à la modernisation de notre système économique.

2 – Quel serait votre projet pour renforcer le rôle sociétal des entreprises françaises ?

Une entreprise n’est pas une ONG. Donc il faut commencer par définir ce que l’on peut, ou pas, en attendre. C’est fondamental. Ensuite, il faut mettre en place une politique de bonus/malus. Des sanctions pour les entreprises qui n’appliquent pas certains sujets RSE essentiels. Et pour la partie bonus, on pourrait imaginer, pour celles qui mettent en place des actions qui peuvent demander plus de temps, plus d’adaptation, que cela déclenche des crédits d’impôt, des allégements de charge, etc.

L’idée étant de définir en amont, sur chaque sujet RSE, si c’est un sujet essentiel que tout le monde doit pouvoir mettre en place. Ou si c’est un sujet plus complexe, une initiative supplémentaire. Pour moi, l’exemple type, c’est le « made in ». Il faudrait impliquer l’État dans le contrôle des productions et des importations. Je ne trouve pas normal qu’aujourd’hui, le « made in » ne soit pas obligatoire en France sur un bon nombre de produits, ou que les règles ne soient pas claires.

Je pense aussi que ce type de projet repose sur la mise en place d’une philosophie d’exemplarité. Il faut plus de communication sur ce que les entreprises font et sur celles qui font bien les choses. Et pour cela, on pourrait très bien lister, valoriser, pondérer, dans un indicateur, la validation d’actions de RSE. Et faire apparaître ce résultat par exemple dans des clôtures de compte, qui pourraient ensuite être envoyées au public, aux banques, à l’État. Un peu sur le même modèle que les classes énergétiques dans l’immobilier. Parce que dans le fond, en listant toutes les actions RSE réalisables, que l’on mettait des notes, et que l’on pondérait à la fin ce que l’on considère comme très important ou moins important, on arriverait à quelque chose qui permettrait réellement de valoriser l’engagement sociétal des entreprises.

3 – Pourquoi faut-il voter pour Lisa Nakam

Peut-être pour voir ce que donne une femme au pouvoir ! Cela fait un peu « girl power ». Mais franchement ça ne ferait pas de mal un peu de diversité parmi nos costards/cravates du CAC 40 et du monde politique. Et puis plus sérieusement, pour réduire l’écart entre le monde politique et la société. Injecter un peu de vitesse, de poigne, d’opérationnalité dans les prises de décision. Parce que c’est clairement ce qui différencie le monde de l’entreprise du monde politique. Moins de bla-bla, un peu plus d’actions !

4 – Quelle personnalité publique choisiriez-vous pour être votre Premier Ministre ?

Le monde politique a ses spécificités que le monde de l’entreprise ne connaît pas. J’imagine par exemple que des enjeux de géopolitique demandent un peu plus de tact qu’une négociation de contrat de distribution. Donc, de manière très pragmatique, j’aurais tendance à vouloir choisir un professionnel de la politique, comme Christine Lagarde par exemple. Mais si je reste sur la thématique de la success-story entrepreneuriale, alors là, je choisirais quelqu’un comme Marc Simoncini…

Avant de quitter votre poste actuel

5 – Quels sont les engagements RSE / ESG pris par votre direction actuelle ?

Il y a en a beaucoup ! Nous ne sommes pas irréprochables, nous tâchons de faire de notre mieux en prenant un engagement clair. Que ce soit auprès des consommatrices et de nos ateliers en choisissant de pérenniser l’industrie européenne. Mais aussi auprès de la planète en recherchant sans cesse des solutions innovantes pour réduire l’empreinte écologique de la marque. Cette politique RSE a été mise en place aux prémices d’une prise de conscience générale des enjeux du développement durable. Parce que mon grand-père, il y a 50 ans, mettait déjà des sacs en tissu dans les magasins.

Et pour nous cette politique RSE s’articule autour de 4 axes majeurs : la qualité, la confiance, l’innovation et la protection. Par exemple, notre sourcing est à 95 % européen et plus spécifiquement en provenance d’usines portugaises partenaires auditées. Les tanneries avec lesquelles nous travaillons, en circuit court et localement, respectent les normes « leather working group ». Nous n’utilisons pas de cuir d’animaux protégés ou en voie de disparition. Les chutes de cuir sont réutilisées ou recyclées. L’utilisation des produits chimiques est minimale, bien en-dessous des seuils européens recommandés.

Nous avons aussi des réflexions en cours autour du tannage végétal, et des services de remise en état des chaussures. Nous réduisons l’utilisation de plastique au strict minimum. Enfin, nous dédions 6 à 8 % de notre résultat net à des actions philanthropiques… Des exemples comme ceux-ci il y en a des dizaines dont certains ont été mis en place par mon grand-père. Du coup, pour moi, tout est normal. Et c’est ça qui est triste. Quand on y réfléchit, nous ne faisons rien de fou et pourtant tout le monde devrait faire au moins cela.

6 – Quelles seraient les principales missions de votre successeur au sein de votre entreprise pour accélérer ces engagements ?

Il y a un chantier que j’aimerai bien approfondir rapidement. C’est la relocalisation d’usines près des zones de ventes pour l’internationalisation. Jonak a fondé son modèle sur un circuit court. Nos usines sont au Portugal, elles produisent toutes les semaines et livrent leur production à Paris le lundi. C’est économiquement viable, mais les bienfaits du schéma s’effondrent si nous voulons vendre en Asie ou en Amérique du Sud. Donc la mission serait de reproduire cette organisation locale sur chaque continent pour ne pas dilapider ces bienfaits dans l’augmentation de l’empreinte carbone.

7 – Comment doit évoluer votre métier pour être plus responsable ?

Je pense que la responsabilité de notre métier se joue sur le contrôle des tannages des cuirs et des matières utilisées dans les productions. Nous tapons beaucoup sur les doigts de l’Asie. Mais plutôt que de crier au scandale et de délaisser ces usines, nous devrions justement les aider à évoluer. Peut-être que la solution serait de mettre des contrôles dans les usines indiennes ou chinoises. Il faudrait essayer d’harmoniser vers le haut les conditions de travail mondiales. Avoir des normes strictes d’utilisation de produits chimiques par exemple. Si nous faisions tous cela, peut-être que, demain, le made in India ou le made in China seraient mieux vus.

Nous pourrions également investir davantage dans des solutions de remise à neuf des chaussures après utilisation. Comme la cordonnerie par exemple. Enfin, je pense que nous devrions aspirer à une meilleure qualité de vie. Conserver un rythme professionnel avec moins de voyages, moins de perte de temps dans les transports, plus de visio et de télétravail.

Pour intégrer l’Elysée

8 – Que demanderiez-vous au Président sortant, Emmanuel Macron, avant qu’il quitte l’Elysée ?

Je lui demanderais de me donner les coordonnées du personal stylist de Brigitte qui, avouons-le, est toujours très bien habillée !

9 – Quel serait le premier engagement de Lisa Nakam Présidente, pris à l’Elysée ?

Je pense qu’il s’agirait d’un plan d’attaque clair et précis pour un strict contrôle des émissions de CO2 afin de lutter efficacement contre le réchauffement climatique. J’aimerais laisser une planète en bonne santé à mes enfants. Une planète qui soit auto-suffisante et aujourd’hui, vu le niveau d’urgence, cela va bien au-delà de la politique.

10 – Quel objet personnel ramèneriez-vous avec vous à l’Elysée ?

Beaucoup, beaucoup de chaussures ! Parce qu’une touche féminine, c’est toujours rafraichissant. Mais aussi et surtout parce que la chaussure c’est l’histoire de ma famille. Jonak est une marque qui s’inscrit dans la durabilité, qui fait partie de mes racines. Et plus largement, la chaussure, c’est ce qui nous ancre au sol… Lorsque que l’on parle de la responsabilité d’un Président, je trouve que toutes ces raisons résonnent comme des symboles.

A propos de Lisa Nakam

Lisa Nakam est Directrice Générale Associée de la maison JONAK. Elle est la tête de la success story familiale créée par ses grands parents en 1964, avec son frère et son père. Lisa Nakam pilote la stratégie digitale et l’internationalisation du chausseur.

Un grand merci à Ambre Delage pour sa précieuse contribution.