ITW Arnaud Leroux – La force d’un collectif dédié aux enjeux RSE – Et si j’étais Président ?
Dans moins de 80 jours aura lieu le 1er tour de la 12ème élection présidentielle. Et si, plutôt qu’un homme ou une femme politique, le futur Président de la République était un citoyen engagé, un héraut du changement, un dirigeant emblématique ? Pour ce 3ème numéro de la série “Et si j’Etais Président”, réalisée par MC Factory en partenariat avec Stratégies, c’est Arnaud Leroux qui nous parle de sa vision de la France engagée et responsable.
10 questions posées à Arnaud Leroux, Directeur Marketing de Asics & Candidat à la présidentielle 2022
Votre programme
1 – Quels seraient les deux axes majeurs de votre programme ?
Le premier serait l’école parce que c’est là où tout se joue. C’est là que l’on éduque, que l’on sensibilise les plus jeunes aux valeurs qui sont importantes et aux enjeux français, mais aussi européens et mondiaux. Je pense que l’école nécessite une mise à jour pour être encore plus performante, impactante, structurante.
Ensuite, je focaliserais mes efforts sur la transition écologique. Le niveau de prise de conscience est certes élevé. Mais nous sommes encore trop frileux dans la concrétisation des intentions en actions. Par exemple sur le sujet des transports. Il y a encore trop de bouchons, trop de gens qui sont seuls dans leur voiture. Ils ne prennent pas leur vélo pour de mauvaises raisons. Mais lorsqu’ils se lancent, ils s’aperçoivent que ce n’est pas si compliqué. Or, je suis pour la philosophie du colibri qui consiste à dire que chaque goutte compte. Si l’on est seul à fermer son robinet quand on se brosse les dents, évidemment, on a l’impression que ça ne peut pas contrebalancer la pollution d’un gros paquebot dans l’océan. Mais si tout le monde entre en action, alors cela aura forcément un impact.
2 – Quel serait votre projet pour renforcer le rôle sociétal des entreprises françaises ?
Je pense en premier lieu qu’il faut un mix de push et de pull. C’est à dire qu’il faut sanctionner les entreprises qui ne jouent pas le jeu. Et dans le même temps créer des incitations à, justement, jouer le jeu…
Mais surtout, il y a un gros manque de communication et de transparence sur le rôle sociétal des entreprises. Un consommateur n’a pas conscience de l’impact sociétal de ses choix. Je prends un exemple : le Nutri-Score. En admettant qu’il soit crédible, je trouve que c’est un bon guide. Il nous permet en effet de faire des choix en toute conscience. Certains équipementiers créent des chaussures de sport avec du plastique recyclé issu des océans. L’histoire est belle. Mais concrètement, si on nous expliquait la différence de CO2 par exemple, entre cette chaussure là et une chaussure classique, ça serait beaucoup plus parlant. Or, le terreau est extrêmement fertile, les gens sont conscients qu’il faut agir, mais cette transparence manque cruellement.
Pour moi, les marques doivent justement contribuer à l’aide à la décision, en jouant la transparence, en s’engageant, en informant… Si le consommateur veut rester sur ses comportements d’avant, pas de soucis, mais au moins il le fera en conscience.
3 – Pourquoi faut-il voter pour Arnaud Leroux ?
Si j’étais Président, je n’inciterais pas les gens à voter pour Arnaud Leroux. J’inciterais plutôt à voter pour les projets portés par une communauté de « sachants ». Il faut se rallier derrière un projet, pas une personne. Or, je trouve qu’il y a presque encore un côté monarchal à incarner la gouvernance au travers d’une seule personne. Cela peut se justifier lorsqu’il s’agit de représenter la France à l’étranger. Mais à l’échelle de notre pays, je crois davantage à la communauté. Je crois au fait que chacun puisse apporter sa pierre à l’édifice. Donc, si quelqu’un vote pour moi, c’est parce qu’il adhère à mon projet. Il adhère à ma façon d’envisager une présidence qui sort du schéma monarchal historique. Et qui s’inscrit dans un système fédérateur, avec une vision sociétale entourée d’experts.
4 – Quelle personnalité publique choisiriez-vous pour être votre Premier Ministre ?
Parce que la force du collectif a plus de valeur que celle, utopiste, d’un seul homme, je me demande s’il est nécessaire d’avoir un premier ministre ! Dans une équipe sportive, il y a bien un capitaine qui parle à l’arbitre. Il porte un brassard, mais dans l’action, c’est un joueur comme les autres.
Mais s’il fallait choisir un Premier Ministre, il y a deux personnalités que j’aimerais voir à mes côtés. D’une part, Cyril Dion, auteur du film « Demain ». Cyril Dion a su amener de l’espoir sur un sujet, l’environnement, qui est souvent décrit de manière hyper anxiogène. Il a su expliquer que même si la situation est catastrophique, il existe ici et là des initiatives qui fonctionnent. Il réussit à nous embarquer et à nous donner du courage pour retrousser nos manches. Et je pense que l’on peut faire davantage bouger les gens si l’on arrive bien à leur faire comprendre qu’il y a encore de l’espoir. D’autre part, je suis très fan de l’approche nordique sur l’éducation. Et je me verrais bien faire venir quelqu’un chez nous pour dupliquer cette méthodologie à notre propre système éducatif.
Avant de quitter votre poste actuel
5 – Quels sont les engagements RSE / ESG pris par votre direction actuelle ?
ASICS s’est engagé à atteindre la neutralité carbone en 2050. Nous avons également pour objectif d’atteindre -63% d’émissions de CO2 en 2030. Sachant qu’au moment où l’on se parle, nous sommes déjà à -25%. Ces objectifs, nous entendons les atteindre via diverses initiatives prises à la fois chez nous et avec tous nos fournisseurs. Par exemple, aujourd’hui, 95% de nos chaussures contiennent des matériaux recyclés. En 2030, nous nous engageons à ce que 100% du polyester utilisé dans nos produits soit recyclé. Côté social, nous avons pris des engagements en termes de diversité et d’égalité hommes-femmes afin que tout le monde puisse avoir sa chance. Nous allons donc mettre en place un système permettant de faire disparaitre des CV les noms, les photos, les genres, afin de ne focaliser que sur les compétences des personnes.
Nous retravaillons également nos contrats sportifs. Les hommes et les femmes, à compétences sportives équivalentes, doivent être gratifiés exactement de la même manière. Enfin, notre contribution sociétale passe aussi par des donations, des collaborations avec des associations. Dont une qui me tient particulièrement à cœur : « Right to Play ». Elle permet à des populations défavorisées dans le monde entier d’accéder à des activités physiques et sportives. Globalement, nous avons donc une bonne dynamique et nous allons dans la bonne direction. Mais il faudrait que l’on ait courageusement la volonté d’anticiper ces dates butoirs pour être encore plus cohérent avec les nécessités climatiques. Car nous n’avons plus le temps de prendre notre temps.
6 – Quelles seraient les principales missions de votre successeur au sein de votre entreprise pour accélérer ces engagements ?
Toutes les enquêtes que nous réalisons montrent que l’empreinte carbone, le recours aux matériaux recyclés, sont des critères de plus en plus importants dans l’esprit de nos consommateurs et de nos clients. Décathlon par exemple s’est engagé à enrichir les fiches de présentation des produits en rayon à partir de 2022. Figurent les caractéristiques techniques, le prix, mais aussi la composition du produit. L’attente est donc grande. Mais persiste une problématique à laquelle nous sommes confrontés. Le consommateur se retrouve devant des produits qui utilisent plus de matériaux recyclés, mais qui ne sont pas les plus performants pour leurs pratiques sportives. Donc l’ambition serait vraiment d’accélérer sur l’innovation. Nous allons réaliser les investissements nécessaires en R&D, pour que ces nouveaux matériaux recyclés soient aussi, voire plus performants, que ceux qui sont utilisés aujourd’hui dans le sport.
7 – Comment doit évoluer votre métier pour être plus responsable ?
Aujourd’hui, les enjeux RSE sont presque des éléments de réassurance, mais ils sont loin d’être prioritaires. Je pense donc qu’il faut ramener ces enjeux RSE au cœur même de la proposition produit. Des solutions peuvent être trouvées, peut-être même jusqu’à changer le business model. On pourrait par exemple imaginer que nos chaussures de course, demain, soient directement intégrées à l’économie circulaire. Qu’elles soient entièrement recyclables et que nous mettions en place des process de récupération et de réutilisation qui puissent donner naissance à une nouvelle paire de chaussure…En d’autres termes, que l’on soit capable de proposer des produits et des services qui allient le bien-être physique par la pratique du sport, et le bien-être de la planète. Aujourd’hui, tout cela est encore un peu trop déséquilibré.
Pour intégrer l’Elysée
8 – Que demanderiez-vous au Président sortant, Emmanuel Macron, avant qu’il quitte l’Elysée ?
Je lui demanderais de me donner les clés de sa cave à vin ! Parce que le sport a un rôle extrêmement important dans ma vie et dans la vie en général. Mais la vie prend aussi toute sa saveur au travers des petits plaisirs… Et je suis certain qu’à l’Élysée se cachent quelques très bons millésimes.
9 – Quel serait le premier engagement de Arnaud Leroux Président, pris à l’Elysée ?
Toujours pour rester dans cette logique de transparence, de communication je crois que je créerais un organisme indépendant. Une sorte d’Institut des Français, qui nous permettrait d’avoir une évaluation et des informations extrêmement justes sur les choses. Il serait composé de personnes venant de tous les horizons. Ce qui lui conférerait une sorte de connaissance co-créative collégiale grâce à laquelle on pourrait s’affranchir des biais personnels et des fake news. Et puis l’idée sous-jacente de cet organisme serait d’unifier un peu plus les gens. Parce que je trouve que l’on se tape trop dessus.
10 – Quel objet personnel ramèneriez-vous avec vous à l’Elysée ?
Mes chaussures de running. Parce que c’est important de faire du sport régulièrement et que c’est un boulot qui doit être assez stressant. Donc, aller courir un peu pour penser à autre chose et se reconnecter à soi-même, je pense que c’est essentiel.
A propos de Arnaud Leroux
Arnaud Leroux est Directeur Marketing Europe du Sud au sein de Asics. Passionné de sport, il a deux Ironman à son actif et est membre du think-tank Sport & Démocratie. Après avoir occupé plusieurs fonctions marketing chez Nestlé, il rejoint en 2007 The Coca-Cola Company. Il prend en charge la stratégie marketing de la marque Fanta pour la Western Europe Business Unit. En 2012, il complète son expertise marketing par des responsabilités commerciales. Elles l’amènent en 2015 à prendre la direction Commerciale & Clients de la Project Team Euro 2016 au sein du groupe.
Un grand merci à Ambre Delage pour sa précieuse contribution.