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ITW Caroline Faillet – Ubériser les services publiques – Et si j’étais Président ?

Caroline Faillet ITW N°17 – 10 questions à Caroline Faillet, co-fondatrice de Bolero.

Dans moins de 2 mois, en mai 2017 aura lieu la 11ème élection présidentielle depuis le début de la Vème République. Avec elle son aréopage de nouvelles promesses, de nouveaux choix politiques, de nouvelles lois…Et si, finalement, plutôt qu’un homme politique, le futur Président de la République était un héraut du digital, un porte drapeau de l’innovation Made in France, un dirigeant reconnu ?

Quels seraient son programme et ses arguments pour convaincre, ses priorités pour une France Digitale… Quels seraient ses principaux chantiers à terminer avant de prendre ses quartiers à l’Elysée…

Majda CHAPLAIN, CEO de MC Factory, en partenariat avec Stratégies, lance une nouvelle série d’interviews hebdomadaires « Et si j’étais Président », et invite des acteurs emblématiques férus de digital à se glisser dans la peau de notre futur Chef d’Etat, le temps d’une interview.

10 questions posées à Caroline Faillet, co-fondatrice de Boléro & Candidate à la présidentielle 2017.

Votre programme

1 – Quels seraient les 3 points principaux de votre programme ?

Je m’attellerais tout d’abord à ubériser les services publics : en créant un portail unique d’information et de services qui permettrait de gérer toutes les démarches en ligne et faciliterait considérablement la vie de nos concitoyens face au mille-feuille administratif. Les économies générées à terme permettraient de réduire la dépense publique et de réaffecter ce personnel à l’assistance des plus fragiles et de ceux qui ne disposent pas d’ordinateur à la maison, via des guichets uniques d’aide aux démarches sur toutes les prérogatives publiques.

Le deuxième volet de mon programme concernerait le lancement de grands projets industriels, via des partenariats public-privé, dans le transport et l’énergie, pour façonner la ville de demain, la ville intelligente. Je suis convaincue qu’on ne règlera pas le problème du climat ou de la qualité de l’air en incitant les gens à changer de comportement mais plutôt en apportant des solutions attractives grâce aux innovations technologiques.

Le troisième volet me tient particulièrement à cœur à titre personnel. Il s’agira de créer un ministère de la « science avec conscience ». Il devra peser dans les débats publics mondiaux sur des questions aussi graves que la désinformation générée par le Net et la nécessité de réhabiliter l’image de la science, mais aussi de l’utilisation commerciale des données personnelles des individus, des résistances européennes à l’invasion des GAFA et bien sûr du poids que l’on souhaite donner à l’avenir au transhumanisme dans nos sociétés.

2 – Pourquoi faut-il voter pour vous ? Quelle serait votre principale qualité de dirigeant ?

Parce que je saurais présenter simplement le diagnostic de la France et les solutions que je propose. 17 ans à pratiquer mon métier de « netnologue » et à parler du digital m’a particulièrement aguerrie à la vulgarisation et à exercer ma vision de l’avenir. Or je pense que la communication politique sous forme de discours, tracts et petites phrases ne fonctionne plus ; qu’il faut remplacer tout cela par des contenus très visuels qui se propagent sur les réseaux, où le public sera d’autant plus enclin à adhérer, qu’il aura compris et se sera approprié le diagnostic !

3 – Quel serait votre projet pour booster la transformation digitale des entreprises Françaises ?

Contrairement à tout le discours ambiant autour des start-ups françaises, je pense qu’il est plus urgent de digitaliser les grands groupes. Ils sont les seuls à pouvoir apporter une riposte crédible et rapide aux licornes américaines qui envahissent nos économies. Pour affronter des géants, on ne mise pas sur un poids mouche !

Là où la puissance publique peut avoir un rôle, c’est dans l’accompagnement de millions de salariés dont le métier va être impacté par le digital. J’investirais donc, avec les fédérations professionnelles, dans un programme mettant à disposition des entreprises des tutoriels métiers pour aider les entreprises à opérer l’évolution des compétences et se préparer à la coopération avec les robots.

 4 – Quelle personnalité publique – pas forcément politique – choisiriez-vous pour être votre Premier Ministre ? 

Etant donné l’ampleur des chantiers à mener, je voudrais un visionnaire et un « maker », un entrepreneur qui sait obtenir des résultats. Avec Xavier Niel, j’aurais en plus un audacieux qui ose changer l’ordre établi !

Avant de quitter votre poste actuel

 5 – Quels gros chantiers avez-vous à terminer avant de prendre vos quartiers à l’Elysée ?

Trouver un nouveau Netnologue pour  toujours mieux conseiller les clients de BOLERO !

6 – Quelles seraient les principales missions de votre successeur au sein de votre entreprise ?

Mon successeur devra poursuivre le travail que nous avons entrepris depuis 10 ans en créant Bolero avec mon associé François Pinochet, à savoir continuer à décoder l’impact du numérique sur l’environnement de nos clients, et proposer des stratégies pertinentes aux entreprises pour réussir dans ce nouvel environnement. Il devra aussi continuer à faire de Bolero une entreprise apprenante avec la Bolero Academy, un programme de certification de nos collaborateurs sur les principales disciplines d’intervention du cabinet. C’est l’une des facettes de ce que l’on appelle chez nous le cabinet conseil 3.0.

Pour intégrer l’Elysée :

 7 – Que demanderiez-vous au Président sortant, François Hollande, avant qu’il parte ?

S’il a déjà tweeté lui-même 😉

8 – Comment digitaliseriez-vous l’Elysée ?

J’accorderais une grande importance à la veille de l’opinion exprimée dans les réseaux sociaux afin de rester en prise avec mes concitoyens et je dématérialiserais fortement les relations presse avec une newsroom très riche pour les journalistes pour mettre fin à cette culture du « off ». J’établirais également un mode de fonctionnement favorisant la circulation de l’information et le collaboratif : moins de notes internes et plus d’agilité !

9 – Quel objet personnel ramèneriez-vous avec vous à l’Elysée ?

Sans doute des dessins de mes enfants pour changer des dorures de mon nouveau bureau…

10 – Et pour conclure ?

Comme pour toutes les générations au pouvoir, qu’il s’agisse des média, des politiques ou des entreprises, le numérique fait peur. Entre incantation et vision outil (on va équiper tous les collégiens de tablettes…), les élites ne parviennent pas appréhender l’ère numérique parce qu’ils ont perdu leurs repères. A défaut de nommer une « netnologue » comme présidente, il faudrait que nos politiques s’en entourent pour prendre correctement la mesure des enjeux numériques.

A propos de Caroline Faillet

Co-fondatrice de Bolero, cabinet de conseil en stratégie digitale, Caroline Faillet a créé sa première société (Ipnoz en 1999 – conseil en marketing viral) alors qu’elle était encore à HEC et vient de publier un livre intitulé « L’art de la guerre digitale » (Editions Dunod) qui va recevoir le 22 mars le Prix de l’Académie des Sciences Commerciales à l’ESC Paris des mains de Michel Edouard Leclerc.

Netnologue, elle a son blog https://www.carolinefaillet.com et publie des tribunes régulièrement sur le sujet du digital et de l’analyse d’opinion.

Si vous souhaitez exposer votre programme pour une France Digitale 2017, contactez nous ici.