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ITW Florence Verzelen – Il faut créer de l’innovation durable à l’échelle de la France – Et si j’étais Président ?

Nouvelle semaine, nouvelle candidate à la 12ème élection présidentielle. Avec Florence Verzelen (Dassault Systèmes) qui se glisse cette semaine dans la peau de notre futur Chef d’Etat. Le temps d’une interview consacrée à une France plus engagée et responsable. 7ème numéro de la série “Et si j’Etais Président”, réalisée par MC Factory en partenariat avec Stratégies.

10 questions posées à Florence Verzelen, Directrice Générale Adjointe en charge des industries, du marketing et du développement durable de Dassault Systèmes & candidate à la présidentielle 2022

Votre programme

1 – Quels seraient les deux axes majeurs de votre programme ?

La souveraineté numérique et la transition écologique. La souveraineté numérique parce qu’aujourd’hui le numérique est au cœur de toutes les innovations, de toutes les entreprises. Il est essentiel pour rendre notre économie et notre gouvernement plus efficaces. Et la transition écologique parce que c’est d’ici 2030 que tout va se passer sur le plan climatique. Soit nous sommes capables maintenant de changer de braquet, de construire un monde plus durable pour les générations suivantes. Soit nous n’y arriverons pas. Et cette urgence climatique se répercute sur toutes les marques, sur toutes les entreprises. Elle commence à être de mieux en mieux appréhendée par les consommateurs et les citoyens.
En fait, ce que je trouve intéressant dans ces deux priorités, c’est qu’elles se renforcent l’une l’autre. Parce que les entreprises industrielles, les villes, les régions, peuvent se transformer pour être plus écologiques, plus durables. Grâce au numérique justement ! Ce sont les deux axes majeurs de mon programme pour les cinq ans à venir.

2 – Quel serait votre projet pour renforcer le rôle sociétal des entreprises françaises ?

Pour moi, l’un des enjeux dans le rôle sociétal des entreprises, c’est qu’elles soient mieux à l’écoute des parties prenantes. Elles doivent embarquer leurs clients mais aussi leurs collaborateurs, leurs fournisseurs, les communautés dans lesquelles elles vivent, les écoles et les universités avec lesquelles elles travaillent…

Paul Polman, ancien PDG d’Unilever a récemment sorti un livre, « Net Positive ». Il y explique que les entreprises qui sont « Net Positive » peuvent créer un monde meilleur en améliorant constamment leurs produits et leurs services et en s’inscrivant dans d’autres combats. Or, je pense qu’elles ont un rôle à jouer face aux défis climatiques et aux défis de l’éducation. Cela a été souligné lors de la COP26 à Glasgow, en novembre, où il se disait que le défi climatique serait résolu par les entreprises et non pas par les Etats. Parce que ce sont elles qui peuvent vraiment changer les choses à leur mesure. Mais encore faut-il qu’elles embarquent le défi climatique ainsi que l’écoute et le dialogue avec leurs parties prenantes, dans leur stratégie.

3 – Pourquoi faut-il voter pour Florence Verzelen

Bonne question ! Aujourd’hui, la raison d’être de Dassault Systèmes, c’est l’innovation durable, avec l’objectif « d’harmoniser les produits, la nature et la vie ». Et je pense que les pays du monde entier sont à un tournant où tous nos business models vont être modifiés par cette exigence de durabilité. Or, si l’on veut changer la France également, il faut créer de l’innovation durable à l’échelle du pays. En tant que Directrice générale adjointe de Dassault Systèmes, j’évolue dans une entreprise qui a un prisme très particulier. Celui d’avoir inventé l’innovation durable il y a 40 ans, lors de sa création, et de l’avoir transmise à tous les secteurs que nous adressons. Être élue me permettrait donc d’apporter cette vision un peu décalée mais extrêmement puissante par rapport à la politique actuelle. Pour changer la France et l’amener à l’étape suivante.

4 – Quelle personnalité publique choisiriez-vous pour être votre Premier Ministre ?

C’est une question difficile mais en y réfléchissant, je pense que je choisirais Pierre Messmer. C’est l’homme qui a lancé le programme nucléaire français et a assuré notre sécurité énergétique. Or, aujourd’hui nous sommes de nouveau à un tournant. Nous avons trois domaines qui, selon moi, vont être clé pour le futur du pays : le spatial, le quantique et le cloud.

Le spatial, parce que demain les data essentielles vont être transmises par des satellites ou des microsatellites. Pour que la France garantisse sa capacité d’innovation et puisse gérer ces nouveaux business model, elle doit donc rester une puissance importante du spatial.

Le quantique. Parce que l’exactitude de ses calculs vont permettre de démultiplier de façon exponentielle tout ce qu’il est possible de faire aujourd’hui grâce au digital. Et le quantique est développé en France, cela pourrait nous conférer une capacité à innover extrêmement forte.

Enfin, le Cloud. Aujourd’hui, près de 80% de nos données, dont des données stratégiques, sont hébergées par des acteurs non européens. Elles sont donc soumises aux lois d’autres pays. Il faut nous défendre de cela. Car si nous voulons vraiment être souverains, garder nos données en Europe est, pour moi, est un enjeu clé.

Avant de quitter votre poste actuel

5 – Quels sont les engagements RSE / ESG pris par votre direction actuelle ?

Nous avons pris des engagements RSE de trois sortes. Nous voulons d’abord être exemplaires. C’est pourquoi nous sommes engagés à être « science best target initiative » d’ici 2028, et à être « Net 0 » d’ici 2040. C’est le meilleur standard en termes de durabilité et d’émissions de CO2. Et sur les émissions résiduelles qu’on nous n’aurons pas réussi à éviter, nous allons créer avec notre écosystème de startup, des projets pour capter du CO2 dans l’atmosphère.

Ensuite, nous voulons transformer nos produits pour un monde plus durable. Je me suis engagée à ce que d’ici 2025, les deux tiers de nos licences aient un impact positif en termes de développement durable pour nos clients. En utilisant nos produits, ils vont pouvoir créer des solutions plus économes en CO2. C’est à dire avec moins de matériaux, et recyclables « by design ». Cela est possible grâce à notre jumeau virtuel qui accompagne un produit tout au long de sa vie. Il permet de prédire comment il va vieillir, mais aussi sa deuxième, voire sa quatrième vie, et celle de ses composants. Le digital permet vraiment de passer à une nouvelle circularité. Et pour moi, aider nos clients dans cette voie, c’est clé.

Enfin notre troisième enjeu est d’embarquer avec nous, d’ici 2025, 5 000 parties-prenantes (fournisseurs, clients, écoles, universités, ONG, associations, etc.) dans ce combat pour le développement durable. C’est comme cela que nous créerons un effet boule de neige. En embarquant des acteurs, qui vont eux aussi embarquer d’autres acteurs pour, tous ensemble, créer un monde plus durable.

6 – Quelles seraient les principales missions de votre successeur au sein de votre entreprise pour accélérer ces engagements ?

Il faudra que mon successeur passe de 2/3 des produits, qui ont un impact durable positif, à 100% des produits. Car je pense que pour trouver une solution au changement climatique, chacun de nos engagements avec nos clients, chacune de nos interactions devrait également être au service de cette transformation durable.

7 – Comment doit évoluer votre métier pour être plus responsable ?

Je pense que ce qui est important c’est d’être encore plus à l’écoute des parties prenantes. Pas seulement les clients, mais aussi les associations, les collectivités, les territoires sur lesquels nous travaillons. L’idée, c’est que nos entreprises soient vraiment en synergie avec leurs territoires et œuvrent pour leur durabilité.

Pour intégrer l’Elysée

8 – Que demanderiez-vous au Président sortant, Emmanuel Macron, avant qu’il quitte l’Elysée ?

Emmanuel Macron va quitter l’Élysée pendant la présidence française de l’Union Européenne. Moi qui suis une européenne convaincue, je lui demanderais surtout de ne pas se démobiliser sur le sujet, jusqu’à la fin de son mandat ! Car il y a un grand nombre de projets digitaux européens qui sont très importants. Comme le « digital product passport » qui contiendra des informations sur la composition des produits mis sur le marché européen afin d’augmenter leurs chances d’être réutilisés et recyclés.

9 – Quel serait le premier engagement de Florence Verzelen, pris à l’Elysée ?

Il y a un sujet qui me tient à cœur, c’est la part des femmes ingénieurs. Selon les statistiques des 2 ou 3 dernières années, le nombre de femmes qui font des études scientifiques a baissé. Or, si nous voulons que la France reprenne une position forte dans le monde et devienne un pays plus durable, nous avons besoin des compétences de tout le monde. Il faut donc que les femmes se sentent libres de faire des études scientifiques. Nous avons en effet besoin de profils différentes, qui viennent d’horizons différents, et ont des expériences de vie différentes. L’un de mes premiers engagements, serait donc en faveur de l’éducation. Je pousserais les jeunes femmes à choisir les études scientifiques si elles en ont envie. Parce que le fait d’avoir des profils différents dans ces écoles-là, puis dans les entreprises, ce sera un gage de l’inventivité de notre pays.

10 – Quel objet personnel ramèneriez-vous avec vous à l’Elysée ?

La photo de mes grands-parents. Ils étaient tous les quatre agriculteurs, et j’avais une relation très privilégiée avec mon grand-père paternel. La fierté qu’il a eue lorsque je suis rentrée en école d’ingénieur, la confiance qu’il avait en moi, tout cela m’a toujours énormément portée pour m’amener à trouver des métiers qui ont du sens. Il n’est plus là évidemment, mais ramener sa photo à l’Élysée c’est l’avoir là aussi à mes côtés.

A propos de Florence Verzelen

Florence Verzelen est actuellement Membre du Comité Exécutif de Dassault Systèmes, leader mondial des logiciels d’innovation. Florence Verzelen a plus de 15 ans d’expérience dans le secteur privé, dans différentes industries, notamment les logiciels, l’énergie, l’automobile et la vente au détail et plus de 5 ans d’expérience dans le secteur public. Elle a dirigé différentes organisations et a été responsable monde des ventes, de la stratégie et des opérations dans la plupart des postes qu’elle a occupés.

Un grand merci à Ambre Delage pour sa précieuse contribution.